Les lettres adressées par Chopin à Wojciech Grzymała (1793-1871) que celui-ci avait gardées (environ 73), se retrouvèrent avec le temps dans deux importantes collections: celle de la princesse Marcelina Czartoryska et celle du prince Władysław Czartoryski.
La collection de la princesse Czartoryska, née Radziwiłł (1817-1894), élève préférée de Chopin et l'une des plus grandes interprètes de sa musique, comprenait, les lettres au comte Grzymała mises à part, aussi des souvenirs (p. ex. un vase en porcelaine de Sèvres que le compositeur avait reçu, après un concert aux Tuileries, des mains de la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe), des portraits (les dessins représentant Chopin sur son lit de mort par Teofil Kwiatkowski, le masque mortuaire et un moulage en bronze de la main gauche du compositeur par J.-B. A. Clésinger) et des manuscrits. Parmi ces derniers il y avait: l'autographe du Nocturne en ut diese mineur [Lento con gran espressione], une copie de la Polonaise en ré mineur [op. 71 n° 1] établie par le père du compositeur (actuellement dans les collections de la TiFC), l'Album de Chopin qui contient un texte émouvant de 1831, écrit après la chute de l'Insurrection de novembre 1830 (appelé Journal de Stuttgart) que Ludwika Jędrzejewicz avait offert à la princesse en 1849 à Paris, probablement brulé pendant la Seconde Guerre Mondiale dans l'édifice de la Bibliothèque Nationale à Varsovie (une copie conforme à l'original se trouve à la TiFC), et cinq pages d'esquisses de la méthode de piano, présentées sur le CD-ROM.
En octobre 1881, la princesse Marcelina transmit la majeure partie de sa collection au Musée des Princes Czartoryski à Cracovie.
Le prince Władysław Czartoryski (1828-1894), fils d'Anna, née Sapieha, et Adam Jerzy Czartoryski (homme d'état, écrivain, dont la résidence, l'hôtel Lambert à Paris, réunissait la fraction des conservateurs de l'émigration polonaise), avait aussi une riche collection de lettres.
A part trente-sept lettres de Chopin au comte Grzymała, Władysław Czartoryski avait une des deux lettres connues jusqu'à présent à Anna Karolina Belleville-Oury du 10 décembre 1842 (cf. catalogue Sotheby's à Londres pour la vente du 9 décembre 1999), une lettre à Antoni Barciński avec quelques mots ajoutés par Jan Matuszyński, quelques dessins de Chopin et de George Sand, trois lettres adressées au compositeur par les généraux Józef Dwernicki et Józef Bem, et par le poète Stefan Witwicki (toutes dans les collections de la TiFC), etc.
Vers 1912, les héritiers du prince Władysław Czartoryski transmirent les lettres de Chopin à Grzymała déposées aux Archives Familiales au Musée des Princes Czartoryski à Cracovie. Ces lettres furent publiées pour la première fois par Ferdynand Hoesick (Chopiniana. Tom I. Korespondencja Chopina, Varsovie, 1912). Dans les années 1997-2000, quatorze lettres de Chopin au comte Grzymała, provenant de cette collection, se trouvèrent à la TiFC comme dons de Marek Keller de Paris, de Bankowa Fundacja Kultury et de "Polmos" de Siedlce et comme dépôt du Ministère de la Culture. Elles viennent, pour la majorité (excepté la lettre déposée par le Ministère de la Culture et la lettre M/2839), d'une collection de deux frères des Pays-Bas. Une lettre à Grzymała (Nohant, 30 août 1846) fut glissée dans le lot de lettres adressées au prince Władysław Czartoryski et reste toujours dans les collections de Cracovie (cf. Ruch Muzyczny, 1980, n° 13). Trois lettres de la collection du prince Władysław furent achetées en 1965-1966 pour la collection particulière, fondée au début des années vingt du XXe à Valdemosa par Anne-Marie Boutroux de Ferrà et son
époux Bartomeu Ferrà i Juan, actuellement la plus riche.
Hanna Wróblewska-Straus