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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 21:04

 

En 1832, Kalasanty Jedrzejewicz épouse la soeur aînée de Frédéric Chopin, Ludwika. Il est professeur de droit à l'Institut Agronomique de Marimont et juge de paix au Tribunal de Varsovie.

 

Le 25 juin 1849, Chopin, qui se sait perdu, se décide à appeler sa famille à son chevet, et plus particulièrement sa soeur Ludwika dont il a toujours été très proche. Il vit alors rue de Chaillot à Paris. Il mit quatre jours à écrire cette lettre et trace comme un appel au secours les mots très significatifs : "Faites vite".

 

"Ce fut Kalasanty qui reçut la lettre. Ludwika était à la campagne avec les enfants. La princesse Obreskoff y avait joint un mot disant l'état désespéré de Chopin. Alors débuta un drame familial longtemps ignoré, jusqu'à la publication par Krystyna Kobylanska en 1968 d'une longue lettre-confession de 32 pages de Ludwika à son mari, seul moyen qui lui restât de communiquer avec lui. Kalasanty conserva en effet la lettre de son beau-frère plusieurs semaines avant d'informer la famille de l'urgence d'un départ pour Paris. Puis il refusa d'assumer les frais du voyage. Les Barcinski et Justyna durent se cotiser pour permettre à Ludwika de répondre à l'appel de son frère. On ignore les raisons exactes de ce comportement, mais il est douteux que Chopin en ait été directement responsable. En atteignant sa femme dans son affection pour Frédéric, Jedrzejewicz devait régler un conflit conjugal que seule sa mort brutale en mai 1853 allait liquider, puisqu'il la poursuivit de son ressentiment bien après la mort de Chopin, provoquant cette pathétique confession si riche d'informations sur la fin du compositeur."

 

[...]

 

"Les Jedrzejewicz arrivèrent enfin à Paris le 9 août avec leur fille, Ludka [...] Le frère et la soeur savaient que le temps leur était compté et ils avaient tant à se dire ! Exclu d'une intimité qui exaspérait sa jalousie, Kalasanty supportait très mal la cohabitation avec son beau-frère, ses habitudes, ses caprices de malade, sa toux qui nuit et jour perçait les cloisons. Il lui signifia rudement qu'il n'entendait pas partager sa femme avec lui  :

 

'Il est vrai que c'était par sollicitude pour moi, mais avoue combien de fois tu t'es mis en colère parce que je restais assise à son chevet tard dans la nuit, tu lui as reproché à lui de m'empêcher de me reposer. C'était par affection pour moi, mais cela lui faisait de la peine et c'était pour moi une épreuve pénible, puisque j'étais venue pour le veiller, le consoler, supporter tout ce qui pouvait apporter un soulagement momentané à ses souffrances, et lui, au cours de la nuit aimait bavarder, me raconter ses chagrins et épancher dans un coeur aimant et compréhensif ce qui le touchait le plus intimement.'

 

Dans la troisième semaine de septembre, Jedrzejewicz retourna à Varsovie, laissant à Paris sa femme et sa fille et persuadé qu'il ne reverrait pas Chopin à l'enterrement duquel il n'avait pas l'intention d'assister. Les lettres de Ludwika, il ne les communiquait pas à la famille et il se mit ouvertement à dire du mal de son beau-frère. 'Imagine ma douleur quand je m'aperçus que toi, mon meilleur ami, tu mettais en pièces la mémoire d'un mort si cher, si irréprochable, que t'avait-il donc fait ? '  "

 

Enfin, il faut rappeler (voir l'article précédent sur le sujet : Que sont devenus les meubles et objets de Chopin) qu'après la mort de Frédéric, Kalasanty Jedrzejewicz ordonna à Ludwika de se débarasser de tout ce qui appartenait à Chopin :

 

'Et tu ajoutais : "Vends tout, ne garde rien, rien du tout", et "aucune guenille de Chopin n'entrera dans ma maison". Oh ! je versai des larmes de sang sur cette lettre ! Peux-tu imaginer la peine que je ressentais au coeur, une peine que je devais cacher aux étrangers, parce qu'ils se réjouissaient de ce que j'eusse reçu une lettre de toi, sûrs qu'elle devait apporter un réconfort et un soulagement à mon coeur.'

 

 

 

Source : Chopin, l'enchanteur autoritaire, par Marie-Paule Rambeau (Ed. L'Harmattan)

 

 

 

 

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commentaires

B
<br /> <br /> Ce qui rend cet homme haïssable, nous privant à jamais de souvenirs de Chopin, en plus d'avoir fait souffrir sa soeur et son beau-frère...<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> On ne peut que le haïr pour le mal qu'il a fait à Frédéric et à la soeur de celui-ci, surtout lorsque l'on sait que Chopin était d'autant plus vulnérable qu'il souffrait et n'avait plus que<br /> quelques semaines à vivre. L'attitude de Jedrzejewicz jure avec celle de la famille unie et aimante qu'étaient les Chopin.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> Kalasanty devait être un homme extrêmement possessif qui ne supportait pas que sa femme s'occupe de quelqu'un d'autre que lui . Il a était trés égoïste de garder pendant des semaines la lettre de<br /> Chopin pour sa soeur il leur a volé du temps ensemble ! La pauvre Ludwika devait se sentir dechirée entre les deux ...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> <br /> Se faire voler du temps avec un être cher qui va disparaître, c'est ce qu'il y a de pire.<br /> <br /> <br /> Heureusement, leur fils Antoni a un peu racheté l'attitude de son père en obtenant, après d'innombrables démarches, que le coeur de chopin fût transféré dans un pilier de l'Eglise Ste Croix,<br /> vingt neuf ans après la mort de son oncle.<br /> <br /> <br /> <br />

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