"... on dansait le Mazur dans les réceptions privées qui se terminaient souvent par un bal improvisé où, dans la bonne humeur, on initiait les étrangers aux figures très expressives de cette danse nationale. Ainsi le violoniste Eugène Sauzay (1809-1901), élève et futur gendre de Baillot, reçut-il de Chopin une leçon de danse qu'il n'oublia jamais :
Ma tante Paillet recevait beaucoup, on dansait chez elle tous les dimanches. Un soir, je vis entrer dans le salon un jeune homme blond, de figure délicate et distinguée, qu'une jeune nièce de ma tante, née en Pologne, lui présenta. C'était Chopin. On allait danser ; il se mit au piano et nous joua sa mazurka en si bémol ; ensuite, il voulut nous apprendre à la danser. Je le sens encore, me prenant les deux mains, et m'entraînant autour du salon, pour me montrer le pas. Revenu au piano, il nous charma par une musique toute nouvelle et une exécution surprenante. Nous ne comprenions pas alors qui nous avions devant nous. "
Brigitte François-Sappey, "La vie musicale à Paris à travers les mémoires d'Eugène Sauzay", dans Revue de Musicologie, vol. LX (1974)
Source : Marie-Paule Rambeau (Chopin, l'enchanteur autoritaire)