Chopin annonce à Alkan à la fin de juillet 1842 que George Sand et lui ont cherché de nouveaux domiciles (ils habitaient jusque là rue Pigalle), et qu'ils ont enfin trouvé.
"Devinez où ?" Square d'Orléans, elle au n° 5, lui au n° 9 : "Tout près de vous ! Nous pourrons presque échanger nos élèves. Ou jouer pour les passants des morceaux à quatre mains sans quitter nos appartements. Rien qu'en ouvrant nos fenêtres."
Le 9 Square d'Orléans est situé 80 rue Taitbout dans le 9ème arrondissement de Paris
"Le square d'Orléans est devenu une Thélème d'artistes - une nouvelle Athènes : Mme Sand et Chopin, bien sûr, mais encore au n° 2, ce monstre de vanité qu'est Kalkbrenner, qu'il ne faudrait pas beaucoup pousser pour lui faire avouer que Napoléon, Chateaubriand et lui résument tout le siècle, et la charmante danseuse, l'aérienne Sylphide, Mlle Taglioni ; au n° 4, le pâle Marmontel qui se fraie, à coups de médiocrité, un chemin serpentant vers les honneurs, et la gracieuse Clara Loveday, pianiste et cantatrice d'origine anglaise, à laquelle il [Alkan] dédiera sa Bourrée d'Auvergne ; au n° 5 bis, l'aimable Joseph d'Ortigue à qui il doit l'un des meilleurs articles qui lui ont été consacrés ; au n° 7, les Zimmermann et le peintre Claude Dubufe dont le fils, Guillaume, qui a débuté au Salon de 1839 avec une Annonciation, vient d'épouser l'aînée des filles de Zimmermann. Toujours au n° 7, la bonne Charlotte Marliani, laquelle tient table ouverte pour Mme Sand et son amant ; au n° 9, dont l'entrée se trouve sous l'arcade d'accès au square, dans le même corps de bâtiment que Chopin, Dantan jeune, le sculpteur, qui, pour son musée Dantan, modèle des caricatures amusantes des célébrités du jour (ô son Rossini !).
(on voit sur la gauche l'entrée n° 9 qui mène à l'appartement de Chopin)
"Chaque fois qu'il [Alkan] prononcera ces mots "square d'Orléans", une émotion invincible le submergera, jusqu'aux larmes parfois, quand c'est le visage de Frédéric Chopin qui lui apparaît." (Extraits de La Grande Sonate, de Claude Schopp)
"A présent, tout est calfeutré et réchaufé ; l'appartement est très commode et j'en suis contente. Nous avons un billard dans le salon comme à Nohant et nous menons ici une vie de campagne." (G. Sand à Hippolyte Chatiron, le 12 novembre 1842)
"Ce qui nous donne un air de campagne, aussi, c'est que je demeure dans le même square que la famille Marliani, Chopin dans le pavillon suivant, de sorte que sans sortir de cette grande cour d'Orléans, bien éclairée et bien sablée, nous courons le soir les uns chez les autres." (G.Sand à Charles Duvernet, le 12 novembre 1842)
"Le printemps [1849] était revenu sans apporter d'amélioration à l'état de Chopin, et son appartement du Square d'Orléans - appartement humide et mal exposé - lui convenait de moins en moins. C'est alors que la princesse Obreskoff l'incita vivement à passer l'été à la campagne. Elle lui trouva sur la colline de Chaillot, un agréable appartement situé au premier étage d'une maison appartenant à Mme Lasserve. Comme le loyer était élevé (400 francs), Mme Obreskoff qui connaissait la situation financière de Chopin, lui fit croire que ce loyer n'était que de deux cents francs, et elle en acquitta l'autre moitié." (note de Bronislas Edouard Sydow).
Photos et vidéo Carmen Desor